L’économie distributive de Jacques Duboin
55 - L’économie distributive de Jacques Duboin
« Les alchimistes du Moyen-âge s’efforçaient de fabriquer de l’or avec quelque vil métal, nos alchimistes modernes, qu’on baptise banquiers, ont découvert le moyen de faire de l’argent avec un peu d’encre. » J. Duboin (Les yeux ouverts)
Jacques Duboin (1878-1976), député, se fit rapidement remarquer par ses interventions. Joseph Caillaux l'appela dans son Cabinet. Il devint alors Sous-secrétaire d'État au Trésor dans les années 20. Le président Raymond Poincaré disait de lui : « C'est la meilleure tête du Parlement ». Après sept ans d'activité parlementaire, J. Duboin comprit que les changements structurels nécessités par le développement des forces productives ne seraient jamais entrepris par le Parlement. Ce sont les électeurs qui nomment les parlementaires ; or ces électeurs ne sont pas en mesure, dans leur immense majorité, de comprendre que des structures économiques faites pour des temps de rareté doivent être transformées lorsque l'abondance fait son entrée dans le monde. J. Duboin abandonna alors les activités politiques pour se consacrer à l'éducation économique des Français. Dans une série d'ouvrages, il exposa que des structures échangistes s'opposent fondamentalement à l'abondance et à l'expansion, qu'il faut donc les abolir et les remplacer par des structures distributives. Plus précisément, que l'économie classique excellait à réguler des sociétés rurales où les coûts unitaires l'emportaient sur les frais fixes (elle dissuadait la consommation quand la production devenait coûteuse), mais créait artificiellement dans un monde de plus en plus industriel, des crises par effet de retard dû au temps d'amortissement bien plus élevé des très grosses infrastructures, sans que quiconque y gagne quoi que ce soit : il fallait donc créer aussi une consommation régulée, au fil de l'eau. Le crédit en constituait un moyen, avec un autre risque d'à-coups (crise de 1931 en Europe), mais une monnaie parallèle et non thésaurisable pouvait aboutir selon lui au même résultat, et cette fois sans risque de "bulle". Il refusa cependant de s'aventurer sur le terrain politique de la conquête du pouvoir, laissant aux partis le soin de définir librement leur stratégie. Il se limita à déclarer que « le pouvoir politique doit être l'émanation de la nation tout entière », formule qu'il faut éclairer par le jugement qu'il portait sur l'incapacité des parlements en matière de transformation sociale. Il a publié de nombreux ouvrages : Réflexions d'un « Français moyen » (1923) ; la Stabilisation du franc (1925) ; Nous faisons fausse route (1931) ; la Grande Relève des hommes par la machine en pdf – etienne.chouard.free.fr/Jacques_Duboin_La_grande_releve_1932.pdf (1932 ) ; Ce qu'on appelle la crise (1934 ) ; la Grande Révolution qui vient (1934) ; Kou l'ahuri ou la Misère dans l'Abondance ! en pdf - economiedistributive.fr/Kou-l-ahuri-ou-La-misere-dans-l - economiedistributive.fr/IMG/pdf/Kou_l_ahuri.pdf (1935) ; En route vers l'abondance (1935) ; Lettre à tout le monde (1937) ; Libération (1937) réédité sous le titre Libération - des bras à la machine, de la rareté à l'abondance, de l'échange à la distribution en pdf - economiedistributive.fr/Liberation (1946) ; Égalité économique (1938) ; Demain ou le Socialisme de l'abondance (1940) ; Rareté et Abondance (1944) ; Économie distributive de l'abondance (1945) ; Les hommes sont-ils naturellement méchants ? (1947) ; l'Économie distributive et le Péché originel (1948) ; L'économie distributive s'impose (1950) ; l'Économie politique de l'abondance (1951) ; les Yeux ouverts en pdf : economiedistributive.fr/Les-yeux-ouverts (1955) ; Pourquoi manquons-nous de crédits ? (1961).
Jacques Duboin n'ignorait pas non plus – et il le disait et l'écrivait – que les privilégiés actuels du Régime emploieraient toute leur puissance à combattre son enseignement. Ils le firent en organisant systématiquement la « conspiration du silence » autour de lui. Bientôt, et malgré les ventes très confortables de ses premiers livres, il ne trouva plus un éditeur pour les imprimer et les diffuser. En 1935, les éditions Fustier publièrent en deux volumes le livre de Jacques Duboin intitulé : En route vers l'abondance. En fin de cet ouvrage, l'auteur reproduisit le « Manifeste-Programme » de la « Ligue pour le Droit au Travail et le Progrès Social » qu'il venait de fonder et qu'il présidait. Ce texte, écrit par lui, parle en ces termes du pouvoir politique : « [...] un gouvernement issu de tous qui, engageant sa responsabilité pleine et entière, assurera d'abord la période transitoire puis réalisera dans le moindre temps et pour le bien de tous, l'organisation de l'abondance. » Il qualifiait cette organisation de socialiste. Il l'opposait au « socialisme de la rareté » professé alors par tous les partis politiques et par tous les syndicats se réclamant du socialisme. Il espérait que peu à peu, ils finiraient par comprendre la nécessité de l'économie distributive. ? Site entretenu par M.-L. DUBOIN, la fille de Jacques et son mari.→ economiedistributive.free.fr/plan.php
Voici le constat de J. Duboin dans les années 1930 : L’Humanité est confrontée non pas à une crise, mais à une véritable mutation. Le développement des techniques de production est tel que de puissantes machines, automatisées, informatisées, peuvent désormais remplacer le travail de l’homme dans toutes les tâches de routine, se substituer non seulement à ses muscles et à l’agilité de ses doigts, mais aussi à sa mémoire, à certains de ses sens et même aux activités logiques de son cerveau. L’accès aux moyens d’existence passe (sauf pour quelques privilégiés de naissance) par la nécessité de se vendre sur le marché de l’emploi. Mais quand des appareils perfectionnés produisent sans labeur humain, les salariés "dégraissés" ne peuvent plus "gagner leur vie", et ceux qui perdent leur clientèle cherchent de nouveaux "débouchés". Et c’est toute l’économie qui est alors détournée : il ne s’agit plus de satisfaire les besoins vitaux mais de produire au moindre coût, n’importe comment, n’importe quoi, pourvu que le produit puisse séduire un client solvable. Et la croissance devient une obligation pour servir une rente. Le développement d’un pays est décidé pour le profit de gros investisseurs internationaux, au mépris des populations. La spéculation monétaire est devenue plus rentable que la production. Mais ceci oblige à remettre en question les fondements du système économique qui domine nos relations sociales. Et c’est difficile. D’abord parce qu’il faut surmonter la croyance, savamment répandue, que le capitalisme, devenu universel, n’a pas d’alternative, qu’il résulte de lois économiques aussi éternelles que celles de la nature. Un tel changement ne se fera pas par miracle et d’un seul coup. Notre ambition est d’apporter un espoir, en montrant qu’il est possible de réaliser, à plus ou moins long terme, une société évolutive dans laquelle tout être humain puisse prendre conscience du rôle qu’il y joue et qui donne un sens à sa vie. C’est dans cette perspective qu’il nous paraît sain d’envisager toute réforme proposée. De soutenir, comme une étape, toute transformation contribuant à cette évolution et de combattre tout ce qui contribue à en retarder l’élaboration.
Pour ceux qui en ont assez de détruire les récoltes (ce qu'on fait pour maintenir les cours), qui préfèrent partager les richesses au profit de tout le monde. Pour ceux qui souhaitent plus de liberté, qui en ont marre de marcher sur les pieds de leur voisin (puisque dans le libéralisme économique actuel, il n'y a pas assez de place pour tout le monde). Contrairement à ce qu'on vous annonce habituellement à l'école ou dans les médias, il existe une alternative au capitalisme : l'ÉCONOMIE DISTRIBUTIVE, ÉCONOMIE ÉQUILIBRÉE. Cette solution plaît aux libéraux comme aux socialistes, à ceux qui sont prêts à sortir des clivages politiques habituels. Elle permet de sortir des impasses économiques, écologiques et sociales dans lesquelles nous sommes lancés. Simple à comprendre, simple à mettre en œuvre, il suffit d'une majorité aux prochaines élections présidentielles. Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait. ecodistributive.chez-alice.fr