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Changement de paradigme

 

77 - Changement de paradigme

 

La distribution sociale, plutôt que la croissance, devrait dominer la vie politique du prochain millénaire. L'allocation des ressources hors du marché ou, tout au moins, la limitation sévère de l'allocation par le marché est essentielle pour conjurer la crise écologique imminente. D'une manière ou d'une autre, le sort de l'humanité dépend de la restauration des autorités publiques. Eric J. Hobsbawn

 

Oubliez les douches courtes – youtu.be/QqnC2avyNAk

 

Thomas Kuhn a beaucoup utilisé le mot de « paradigme » en référence à une théorie scientifique qui est une description du monde qui nous propose une structure conceptuelle pour décrire un ensemble de phénomènes. Un paradigme entre en crise lorsqu’une multitude de données empiriques, de faits concrets, mettent à mal le cadre théorique global. Donc dans une situation de crise, une théorie alternative, une nouvelle vision du monde se présente forcément. Ce mot appliqué aux théories scientifique au 19e siècle, s’est généralisé pour exprimer le substrat idéologique d’une civilisation. Une révolution paradigmatique institue une structure conceptuelle en complet désaccord avec l’ancien paradigme. Et comme en science, la vision du vivre ensemble, la vision du monde, oscille entre des périodes que l’on pourrait dire « normales » dominées par une théorie au sein de laquelle on cherche à résoudre tous les problèmes et des périodes « révolutionnaires » qui renouvellent le paradigme en réinterprétant tous les phénomènes dans un nouveau schéma conceptuel. Historiquement, les révolutions paradigmatiques sont, pour ne citer que les plus importantes sur notre bout de planète appelé Occident : 1 / la fin de l’empire romain et l’émergence de la chrétienté comme religion d’État à la fin du 4e siècle ; 2 / la réforme protestante, le Siècle des Lumières – fr.wikipedia.org/…Lumieres et les révolutions américaine et française.

 

L’histoire du capitalisme et ses doctrines fondatrices ont été abordés dans de nombreux ouvrages. Mais on peut ajouter que la crise des années 30 a été sa crise cardiaque, la guerre 39-45 son pontage coronarien qui a permis de lui donner un second souffle – il faut se souvenir tout de même que le capitalisme était considéré à l’époque par beaucoup comme mourant – et les 30 Glorieuses, que René Dumont appelait les 30 Désastreuses, comme son sursis avant la lente agonie dans laquelle nous vivons. Au début des années 80, on enseignait dans les écoles d’ingénieurs, de commerce ou dans les universités, que grâce aux biotechnologies et aux NTIC, nous allions, très certainement, connaître la phase ascendante du 5e cycle de Kondratiev – fr.wikipedia.org/…Kondratiev. Pauvre Kondratiev, économiste russe limogé par le pouvoir stalinien car il prétendait que le capitalisme renaît de ses cendres après une crise grave dans une périodicité de cycles longs de 50 à 60 ans liés aux différentes grandes innovations technologiques. Non, nous ne verrons jamais ce 5e cycle de Kondratiev.

 

L'idée comme quoi le capitalisme est indépassable, est récente. Cette idée s'est installée, évidemment, suite à l'effondrement du système soviétique en 1990. Mais il suffit de faire un rapide retour sur l’histoire récente (cf. A8), 1871 et la Commune de Paris, les années 1920 avec l’immense espoir suscité par la révolution russe, les années 30 et la faillite du capitalisme, les années 50 avec la guerre froide, les années 60 avec la révolution cubaine, pour constater que non seulement dans l’esprit des gens mais aussi dans la réalité de nombreux pays, le capitalisme était mort ou agonisant. Le capitalisme est un système, une vision du monde, une idéologie, dont il va falloir se débarrasser ; il est condamnable et, quoi qu'on en pense, condamné.

 

Que le capitalisme meure, cela ne veut probablement pas dire que les marchés locaux, que les magasins et les petites entreprises et que la propriété privée (à partir du moment où elle ne concerne pas la propriété des grands moyens de production) n’existeront plus. Par contre, il n'y a rien d'absurde ou de fantaisiste de croire que les marchés de capitaux, les bourses, le contrôle de la monnaie par l’aristocratie financière et que la plupart des absurdités de notre société de consommation disparaissent et feront bientôt partie de l’Histoire.

 

Quand ? Quand une majorité de citoyens sera convaincue de l’absurdité, de l’iniquité, de la violence, de la stupidité et des dégâts causés par cette civilisation. Bien entendu, les chiens de garde de la civilisation de la marchandise disent que la démocratie libérale est indépassable. En effet, certains affirment, depuis l’implosion de l’Union soviétique, que c’est la fin de l’Histoire. Fukuyama a écrit en 1989 : un consensus assez remarquable semblait apparu ces dernières années, concernant la démocratie libérale comme système de gouvernement, puisqu’elle avait triomphé des idéologies rivales – monarchies héréditaires, fascisme et tout récemment, communisme. Je suggérais en outre que la démocratie libérale pourrait bien constituer le point final de l’évolution idéologique de l’Humanité et la forme finale de tout gouvernement humain, donc être en tant que telle la fin de l’Histoire. Quelle prétention de se croire indépassable et immortel ! Comme si la civilisation occidentale était le summum de l’Humanité. Non bien sûr ! La démocratie libérale et le capitalisme qui va avec, sont une forme d’organisation humaine parmi d’autres, c’est tout. Elle n’est, ni en progrès, ni mieux que toutes les autres formes d’organisations, de civilisations qui ont existé ou existent encore sur cette planète. Les civilisations naissent, vivent et meurent. La nôtre ne fera pas exception. La vision du monde des marchands qui s’est opposée au pouvoir ecclésiastique et aristocratique a été une contribution à l’histoire de l’Humanité. Mais cette vision est maintenant caduque. Aujourd'hui, le capitalisme et son idéologie l’économisme sont devenus profondément néfastes pour l’Humanité et notre environnement. Le capitalisme est une idéologie, un paradigme avec son histoire, sa naissance, son apogée et sa phase de déclin. Non, le capitalisme n’est pas un état de nature. Non, ce n’est pas la fin de l’Histoire.

 

Que peut-on faire immédiatement ? L'acte le plus subversif est, indéniablement, de limiter sa consommation. Produire moins, s’agiter moins, travailler moins et consommer moins sont les premiers pas vers la liberté. Essayons sereinement d’analyser ce que nous faisons concrètement de bénéfique pour les autres. Quel métier pour quelle utilité ? Vous êtes agriculteur biologique ; vous êtes indispensable et vous contribuez à la bonne santé de vos concitoyens. Vous êtes publicitaire et vous avez en charge de faire la promotion du nouveau produit de chez Cacacola, Haribonpasbon ou Nestlamerde ; vous contribuez à l’embonpoint de la jeunesse et dépensez beaucoup d’énergie et de papier pour cela. Vous êtes euro-technocrate ou directeur d’une banque d'affaire ; vous êtes responsable de toutes les bêtises du monde moderne et en plus vous êtes arrogant et très bien payé. Oui, vraiment, posons-nous la question : qu’est-ce que je fais de mon temps ? Vous travaillez au noir comme artisan ; bravo, on a besoin de vous et de toute façon vous payez assez d’impôts indirects comme ça (TIPP, TVA) ! Vous êtes bénévole pour une association d’aide sociale ; deux fois bravo, mais vous devriez être payé si le monde marchait à l’endroit ! Soyons honnête, regardons vraiment les implications de notre activité et si jamais nous trouvons qu’elle est absurde, inutile ou nuisible… arrêtons et changeons d’activité ! À propos des métiers à la con – Bullshit Jobs par David Graeber – partage-le.com/…graeber

 

Comment on se déplace ? Pourquoi faire ? Qu’est-ce qu’on achète ? Acheter au marché des fruits et des légumes de saison produits, de préférence, dans sa région. Refuser tout produit financier, n’acheter que des revues sans publicité et éteindre sa télé (d'autant plus si c'est pour voir la pub, le JT de 20h ou des « spécialistes » qui nous parlent de croissance obligatoire pour réduire le chômage et tout le bourrage de crâne qui va avec ; alors que l'on sait que la croissance n'est indispensable que pour la survie du système monétaire actuel !). Pour notre santé et pour l'environnement, mangeons bio et mangeons moins de viande. Évitons de consommer des médicaments allopathiques. Évitons la nourriture industrielle, le sucre et ses dérivés (sodas, biscuits, etc). Boycottons les grandes marques : Cacacola, Nestlamerde, Macdocrad, etc.. Recyclons, réparons, achetons en pleine conscience – ai-je besoin de ce produit ? Donnons, aidons, encourageons, contribuons au bonheur des voisins ou d'inconnus. Cuisinons avec amour et si nous pouvons : jardinons.

 

Ingénieur et de père ingénieur, je suis très critique vis à vis du progrès matériel et de la technologie sans âme. Je n’ai jamais cru que la richesse matérielle pouvait à elle seule venir à bout de la souffrance humaine. Les avancées de la technologie n’ont pas généré beaucoup plus qu’une amélioration linéaire et quantitative. Le progrès n’a pas signifié beaucoup plus qu’un plus grand nombre de villes et un plus grand nombre de véhicules qui circulent entre elles. Il y a certainement eu une réduction de certains types de souffrances, mais pas une réduction générale notable. Notre société est fondamentalement hypocrite, stupide et violente, elle est basée sur la cupidité et le mensonge permanent (le marketing). Comment influencer les foules ? À travers la figure d’Edward Bernays (1891-1995), l'un des inventeurs du marketing et l'auteur de "Propaganda", un passionnant décryptage des méthodes de la "fabrique du consentement" – vimeo.com/272909320 ;? La propagande : les 5 filtres des médias de masse – youtu.be/asuph7xJy1Q (résumé de 5 min)

 

Les solutions de remplacement à cette civilisation moribonde ne manquent pas. Il vous suffit de surfer sur la Toile pour voir à quel point, si le capitalisme meurt demain, nous n'aurions aucun problème pour trouver des solutions afin de vivre sereinement, paisiblement, confortablement, sans se stresser, sans s’énerver, sans trop travailler, tout en mangeant une nourriture saine et ayant accès à une médecine plurielle qui soigne vraiment plutôt qu’à une médecine « pognon ». De fait, des milliers de communautés, des millions de gens à travers le monde vivent déjà autrement que selon ce modèle imposé par l'Empire euro-atlantique.

 

Le point essentiel, il me semble et vous l'avez compris, est une réappropriation de la création monétaire par le peuple pour le peuple et géré par ses élus, ainsi qu'une nationalisation des banques. En clair : tous les intérêts doivent être payés à l’État. L’État souverain doit être le seul créateur de la monnaie fiduciaire et scripturale. Évidemment ces deux monnaies se confondent si l’État contrôle la création monétaire comme nous l'avons vu avec la réforme monnaie pleine. D’autre part, la fonction d’assurance ou mutualiste doivent également être contrôlées par l’ensemble des citoyens et sortir de la sphère du profit. De même que tous les grands moyens de production et de transport qui doivent appartenir à l’ensemble de la collectivité par des processus de direction à inventer comme des directions collégiales issues à la fois d’usagers, d’employés et d’élus. Bref, un nouveau contrat social, avec l’entrée de concepts comme la gratuité d’un certain nombre de services et même de biens, un service social à la carte, un revenu d’existence de la majorité à la mort, etc..

 

En fait, ce n'est vraiment pas difficile d’imaginer une société libérée du carcan du pouvoir financier international et des multinationales, libérée de l’impératif du profit. Avec les moyens technologiques dont on dispose, il suffit d'un peu d'imagination pour visualiser facilement comment pourrait être la vie si on n’était pas sans cesse obligé de produire toujours plus de marchandises pour que les entreprises puissent payer leur loyer monétaire. Pas besoin d’une imagination débordante pour voir à quel point cette société serait paisible et confortable, à quel point les citoyens pourraient se consacrer à développer l’être plutôt qu’à accumuler de l’avoir.

 

Forcément, certains ne sont pas d’accord ! Ceux mentionnés dans la partie III, les Bilderbergers, ou ceux, chez nous, qui se retrouvent un mercredi par mois place de la Concorde au saint des saints du pouvoir politique, économique, médiatique, intellectuel et syndical – Le Siècle. Et évidemment, tous ces gens là, ils n’ont pas envie de changer le monde et on comprend pourquoi puisqu’ils sont au pouvoir ! Et ils font tout ce qu’ils peuvent pour nous convaincre que le monde a toujours été ainsi et qu’il sera toujours comme ça et la plupart des intellectuels et des journalistes sont là pour continuer à nous le faire croire ! De toute façon, une vision du monde tient parce que les dominants tiennent les dominés par un discours idéologique. Et lorsqu’on s’approche de la fin d’une société, ces dominants prétendent que ce n’est pas un discours idéologique et qu’il n’existe aucune autre vision du monde possible !

 

Mais les choses ne sont pas si simples ! Évidemment il y a ceux qui sont tout en haut de la pyramide mais ensuite, il y a ceux qui sont juste en-dessous et puis ceux qui sont juste en-dessous de ceux qui sont juste en-dessous, etc.. Et chacun se dit : j’ai un plus ou moins gros bout de "fromage" et de toute façon je ne vais pas changer le monde et puis après tout, après moi le déluge ! Ceux qui sont en haut, qu'ils soient conscients ou non de l’absurdité du système, n'ont qu'une seule obsession : défendre leurs intérêts de classe – Monique Pinçon-Charlot : « Nous sommes face à une classe sociale puissante et mobilisée pour défendre ses intérêts » – comptoir.org/…interets

 

Et plus on descend dans l'échelle sociale, et moins les gens sont vraiment conscients de l'absurdité de notre société, mais c’est surtout qu’ils ne veulent pas le voir. On pourrait appeler cela : la servitude volontaire (cf. A10). Et, il faut bien le dire, cette servitude est rassurante. Pourquoi se poser des questions ? C’est fatigant de se poser des questions ! C’est tellement plus simple de s’avachir sur son canapé et de regarder des talk shows et des reality shows stupides en buvant du Cacacola qui va peut-être nous rendre heureux – puisque c'est ce que la pub nous suggère – mais qui va certainement nous rendre obèses si l'on en boit trop. Ai-je vraiment besoin d’acheter tous ces produits qui me sont si gentiment proposés à la télé pour remplir mon vide intérieur ?

 

Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Parce qu’il paraît que la reprise pointe son nez ! Ont-ils réussi à moraliser le capitalisme ? Excusez-moi d’en douter ! C’est la novlangue du libéralisme, c’est orwellien comme formule. Moraliser le capitalisme, voyons donc ! C’est du même genre que : la guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage ou l’ignorance c’est la force ! Donc ne pas se poser de questions. Continuons à penser que le capitalisme est là jusqu’à la fin des temps, et surtout ne rien changer, tout va bien pour moi merci – comme pour les 44 % des citoyens qui se sont exprimés et qui ont voté Macron ou Fillon le 23 avril 2017 !

 

Imaginons ce sur quoi pourrait être fondée une nouvelle civilisation. Tout d’abord, il est faux que le monde doit nécessairement être un gâchis et une vallée de misère. Le monde peut être beau et plein de sens ; et la vie humaine est une occasion extraordinaire d’atteindre le plus grand épanouissement imaginable. La vérité de la souffrance signifie qu’une vie dominée par l’ignorance sera toujours insatisfaisante, mais tout ne s’arrête pas là ; elle signifie aussi que nous pouvons acquérir une sagesse et vaincre l’ignorance afin de vivre librement dans la béatitude et de partager cette béatitude avec nos semblables. La guerre et la violence ne sont pas des réalités inéluctables. Lorsque les dirigeants et leur peuple reconnaissent ce caractère précieux de la vie humaine en particulier, et de la vie de tout être sensible en général, ils peuvent indéniablement améliorer la nature de leur société et vivre selon une certaine sagesse, en harmonie avec la nature et leur entourage. Être civilisé signifie faire preuve de sagesse, de bonté, d’amour et de joie de vivre, et toute société qui cultive ces qualités est une véritable civilisation. Il existe sans contredit des exemples de sociétés qui ont réussi à démontrer une grande bonté, notamment dans l’Inde ancienne, au Tibet, en Mongolie et en Chine en certaines époques florissantes. La période que nous vivons actuellement est unique car, grâce à la technologie et aux enseignements de toutes les grandes religions, les êtres humains sont, maintenant plus que jamais, en mesure de s’éveiller massivement à leur véritable potentiel et nous pourrions véritablement réaliser cet ancien rêve de la paix sur terre.

 

L'homme est fondamentalement mauvais et égoïste et l'addition des intérêts individuels contribue, comme par magie, au bien-être collectif. C’est « la main invisible du marché », tel est l’un des postulats de base du capitalisme, du libéralisme, de l'économisme ou de l'économie (ces termes sont parfaitement synonymes). Instaurons que la vérité est plutôt : l'homme est fondamentalement bon et le bien-être individuel découle naturellement de ce que chacun donne au collectif. Certes, l'esprit est parfois secoué par des émotions perturbatrices (colère, avidité, jalousie, arrogance…) et les pensées qui en découlent font parfois poser aux êtres humains des actes négatifs, mais la nature fondamentale de l'esprit de tout un chacun est amour, compassion, clarté et sagesse.

 

La bonté, l’amour et l’altruisme sont les clés du bonheur. La compassion n’est pas que sentimentalité ; c’est plutôt une puissante méthode pour arriver à vivre une bonne vie et pour atteindre le vrai bonheur. Il nous faut développer conjointement ces qualités que sont l’empathie et la raison. L’empathie, comme celle d’une personne très honnête ; la raison, comme celle de quelqu’un qui a un esprit très pratique. La grave crise postmoderne à l’échelle planétaire exige cette révolution, afin d’éviter les divers scénarios apocalyptiques annoncés. Et notre monde sera viable pour les siècles à venir. La religion humaine commune d’amour et de bonté a de véritables fondements biologiques dans la nature humaine. Parallèlement à notre aptitude naturelle d’empathie envers nos semblables, nous avons aussi besoin de la bonté des autres qui, comme un fil directeur, traverse toute notre vie. La spiritualité est plus vaste que toute forme particulière de religion ; elle est essentielle tant au bonheur individuel qu’à la viabilité de notre monde. L’éthique est également plus universelle que les prescriptions religieuses particulières. Malheureusement, la foi religieuse n’est pas une garantie d’intégrité morale car, en effet, si l’on regarde l’Histoire, nous constatons que parmi les plus grands fauteurs de troubles – ceux qui ont eu recours à la violence, à la brutalité et à la destruction dans leurs rapports avec les autres humains –, nombreux sont ceux qui professaient, parfois haut et fort, une foi religieuse.

 

La religion peut nous aider à établir des principes moraux de base, mais il est néanmoins toujours possible de parler d’éthique et de morale sans faire référence à aucune religion. De façon générale, la non-violence est essentielle à la résolution des désastres humains que sont les conflits sociaux et les guerres. Et ce qu’on appelle l’idéalisme, ou l’utopie, n’est pas nécessairement synonyme d’irréalisme, comme le prétendent certaines théories séculières modernes qui posent un regard cynique sur la psyché et sur la société.

 

Le gaspillage des ressources naturelles et des matières premières nous mène à une catastrophe écologique, à un suicide collectif. La consommation et la production effrénée de marchandises sont des crimes contre l'Humanité. Nos ethnologues définissent le travail comme synonyme de progrès. Les intellectuels de la fin du 19e siècle rêvaient d'une société où l'homme serait affranchi du travail, ils pensaient que la maîtrise des énergies fossiles et de la technologie permettraient un monde meilleur. En moins d'un siècle nous avons réussi à maîtriser l'énergie et à façonner une technologie efficace. Nous possédons les moyens de ne travailler que quelques heures par semaine pour entretenir notre niveau de vie et une qualité de vie bien supérieure à celle d'aujourd'hui. Pourquoi ne pas se réjouir du chômage dû à l'amélioration des moyens techniques de production ? Pourquoi gaspiller autant d'énergie humaine ? Aujourd’hui, l'Humanité souffre de famines, de guerres, de la pollution, de la détresse morale, du surmenage, des exclusions, etc., alors qu’il y a tant et plus de gaspillage, de surconsommation, de production d’objets inutiles, de publicités, etc. ! N'est ce pas profondément absurde ?

 

Grâce au prodigieux matraquage médiatique, l'idéologie économique n'est plus considérée comme une idéologie, c'est même pour certains, Fukuyama et les néoconservateurs : La fin de l'Histoire. Selon eux, nous n'avons pas le choix. Nous devons, bon gré ou mal gré, nous soumettre à la loi du marché, à la main invisible telle qu'Adam Smith l’a inventée. Hors le capitalisme point de salut ! La sacro-sainte économie capitaliste, cette nouvelle religion qui impose sa domination à l'ensemble du globe ! Toute-puissante, elle détruit la planète : pollution des éléments naturels, déforestation, création d'organismes génétiquement modifiés, brevets sur le vivant, etc.. Elle asservit et exclut des populations entières. Pour maintenir son dogme, elle donne à chacun un contrat social se limitant à : se plier ou être brisé. Le système éducatif, la publicité et les médias conditionnent les esprits, violent la liberté de pensée et dictent les modes de vie. Le Nord a instauré son modèle comme le seul et l'unique. Les pays du Sud et de l'Est, infériorisés, sont maintenus dans la servitude, par la guerre si nécessaire. Les multinationales y exploitent à leur gré et sans merci, matière première et main-d'œuvre. Le Nord impose ses volontés au reste de la planète, qu’il s’agisse d'économie, d'organisation sociale ou de régime politique. Les écarts de richesses s'agrandissent aussi au Nord. La politique libérale accroît la masse des "exclus" et asservit les salariés par la flexibilité et la précarité. Elle s'étend à tous les secteurs par la privatisation des services publics. Face à la peur de l'exclusion, la soumission à la loi du marché devient totale. L'individualisme et la compétition se développent. L'indifférence face à ceux qui sont victimes de la misère grandit. Les détenteurs du pouvoir financier appuyés par leurs relais politiques, intellectuels et médiatiques, et servis par le prodigieux développement de la technoscience, ont entrepris et presque réussi la colonisation de la planète. Ces transnationales imposent à toutes les formes de vie – humaines ou non – une même civilisation qui se teinte des cultures qu'elle absorbe. Partout, des mémoires et des savoirs millénaires sont effacés, des danses et des coutumes sont oubliées, des dieux et des temples délaissés, des peuples et des cultures disparaissent pour toujours. Partout, des champs sont surexploités et des écosystèmes dévastés. Dans chaque pays, les valets politiques et technocratiques des firmes transnationales trahissent les intérêts de leurs communautés en œuvrant à la généralisation de la guerre économique et à l'uniformisation du vivant.

 

La chute du mur de Berlin en 1989 a permis l'avènement d'une mondialisation et de sa pensée unique. Aujourd'hui, la liberté est engluée par une visqueuse doctrine qui enveloppe tout raisonnement rebelle, l’inhibe, le trouble, le paralyse et finit par l’étouffer. Cette doctrine de la pensée unique, la seule autorisée par une invisible et omniprésente police de l’opinion, est simplement la traduction en termes idéologiques à prétention universelle des intérêts du capital international. Ainsi, au nom du « réalisme » et du « pragmatisme » qu'Alain Minc formule de la manière suivante en 1994 : « Le capitalisme ne peut s’effondrer, c’est l’état naturel de la société. La démocratie n’est pas l’état naturel de la société. Le marché, oui. », l’économie est placée au poste de commandement – 09novembre1989.revolublog.com/…746

 

Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? Comment la technoscience s'est-elle imposée comme croyance dominante ? Pourquoi la vision politique de la caste des commerçants, devenue « économie politique » puis « science économique », s'est-elle imposée comme la pensée unique ? C'est à partir de la Renaissance que l'économie politique (l'expression apparaît en 1615) devient une discipline de pensée. Elle se détache de la philosophie et se préoccupe exclusivement de la création et de la circulation des biens matériels. L'économie politique se transformera en sciences économiques, et cette mutation fut favorisée par le recours de plus en plus fréquent à l'arsenal mathématique, essentiellement l'analyse et la statistique. La "science économique" est une imposture et le capitalisme est une idéologie. La science économique n'a qu'un seul objectif : contribuer à convaincre et soumettre le peuple au choix philosophique et politique qui a été fait au 18e siècle par la caste des commerçants. L'origine de la pensée libérale remonte à la Renaissance. Face à l'obscurantisme religieux, la foi en la raison émerge comme idéal et moyen pour comprendre la nature. Contre la recherche d'un bonheur dans l'au-delà, on propose l'optimisme de la science. D'un point de vue métaphysique, l'Occident va basculer progressivement de la croyance en l'existence d'une entité ou d'un soi permanent, unique, indépendant, créateur de l'Univers : le judéo-christianisme, à sa négation : le matérialisme scientiste. Le libéralisme est un ensemble hétérogène d'idées qui se fondent sur la croyance que l'homme a la possibilité de se rendre maître de l'Univers pour le conquérir et en jouir. En 1970, le club de Rome nous avait déjà mis en garde contre les excès du libéralisme. Leurs avertissements sont restés lettre morte. Pour survivre, la société de consommation se devait d'aller toujours plus loin.

 

La solution n'est pas de type keynésien, économiste qui a préconisé des dépenses publiques destinées à remplir les poches des consommateurs afin qu'ils se précipitent à consommer. Si on réfléchit attentivement, on comprend que l'argent, le capital, symbole d'énergie humaine cristallisé, n'est en soi rien d'autre qu'un instrument permettant de mobiliser les hommes pour l'action, qu'un canal pour utiliser l'énergie humaine et il ne doit être utilisé à des fins productives que s'il contribue au bien-être des hommes. La solution à notre soi-disant problème économique n'est évidemment pas de dépanner la croissance. La vraie réponse à long terme, c'est de se sortir définitivement du paradigme économique, du capitalisme. L'augmentation de la production, de la consommation et donc de la pollution ne sont pas synonymes d'un accroissement du bien-être et de la qualité de la vie.

 

Tout système vivant produit une énergie excédentaire et cette énergie doit être utilisée d'une façon ou d'une autre. À ce sacrifice (cf. A2), par manque d'imagination, nos solutions sont pitoyables : la société de consommation ou pire encore, la guerre. Le capitalisme convenait pour un monde en expansion, au monde des marchands. Il fallait, sans cesse, trouver de nouveaux marchés à conquérir, de nouveaux territoires à exploiter et de peuples à asservir. La soif de pouvoir de cette nouvelle classe de marchands qui passera un accord avec l'aristocratie en Angleterre (1688) et l'éliminera en France (1793), allait s’exprimer dans cette nouvelle aventure de conquêtes pour imposer sa vision et sa domination aux peuples de la planète par la colonisation. Un des dogmes fondateurs de l’idéologie capitaliste, c’est le postulat d’A. Smith. Une étude attentive de l’histoire des solidarités de toutes sortes démontre, sans contestation possible, que ce postulat est dénué de tout fondement. Croire en ce postulat, c’est nier l’humanité elle-même. Nier les qualités fondamentales de l’être humain. Le capitalisme et la technoscience ont le mérite d’avoir développé des moyens de production d’une grande efficacité. L’innovation du capitalisme, c’est la création monétaire ex-nihilo et donc cette capacité à mobiliser l’énergie humaine par un moyen autre que les moyens coercitifs utilisés depuis la nuit des temps : l’esclave, le servage. Mais la captation de cet outil monétaire par une nouvelle aristocratie financière est aujourd'hui inacceptable.

 

Le capitalisme est efficace pour répondre à la rareté. En fait, il a rempli son rôle historique : combler notre avidité, notre notion de manque, il nous a submergés de marchandises. Mais comment s’est installée en Occident, au cours de l’histoire, la croyance en la rareté ? Dans nos pays au climat difficile et avant la maîtrise de l’énergie, point de départ de l’ère industrielle, les premiers hommes qui n’avaient que quelques outils rudimentaires avaient beau travailler beaucoup, ils produisaient à peine de quoi survivre. Sans parler d’un hiver trop long, d’un été pluvieux ou d’une épidémie qui venaient ruiner leurs efforts. Cette pénurie de fait fut inséparable de la plupart des Européens tout au long de l’histoire au point qu’elle imprima dans leurs esprits une réalité de manque, une conscience de pénurie. De cette croyance, de cette angoisse comme quoi il n’y aurait pas assez pour tout le monde, s’ensuivit une peur de manquer, de mourir, si habituelle et si présente qu’elle devint une seconde nature. De cette notion de rareté découle l’économie de marché. L’économie de marché fonctionne tant que la demande dépasse l’offre. Une des principales causes de la crise des années 30, c'est la surproduction – philisto.fr/…1930.html

 

Cette idéologie de la marchandise est en train de mourir et son faire-part de décès se résume très bien dans ce slogan altermondialiste : « Le monde n’est pas une marchandise ». Ce système est condamné, cette idéologie est moribonde. La durée de vie d’une civilisation est bien longue par rapport à notre courte existence humaine, mais il ne faut pas être un grand visionnaire pour comprendre que cette civilisation de l’argent-crédit et de la marchandise est sur sa fin. En fait, les civilisations meurent lorsque la métaphysique qui les soutient n’est plus valide. Comme les penseurs de la Renaissance qui ont projeté la vision marchande et qui sont à l’origine du « monde moderne », il nous faudra bien imaginer la civilisation de demain.

 

Mais quelles sont les bases de ce nouveau paradigme pour les siècles à venir. La critique de l’économie politique portée par Marx est incontournable, mais l’histoire malheureuse du communisme au 20e siècle a montré qu’elle n’était pas suffisante et viable sur le long terme. Il manque une dimension de transcendance (dans le sens de Marx justement !) et cette dimension peut-être trouvée dans une confrontation avec des philosophies orientales. L'historien britannique Arnold Joseph Toynbee (1889-1975) a dit que l’événement le plus important de l’histoire récente est l’arrivée du bouddhisme en Occident. On peut, en effet, se poser la question de l’influence à long terme de cette philosophie dans la transformation paradigmatique de notre civilisation.

 

L’Occident des Lumières a réussi à se débarrasser de la vision imposée par l’Église catholique et de son pouvoir divin et coercitif mais, comme l’explique Skolimowski (cf. A14), nous avons « jeté le bébé avec l’eau du bain ». Il s’agit de remettre l’être humain au centre et en relation harmonieuse avec la Nature. Certes le modèle matérialiste est parfois utile, mais il nous faut voir le monde humain avec plus de globalité. Il devient urgent de sortir de la vision purement matérialiste et scientiste, vue comme une vérité absolue ou dogmatique.

 

Que nous apprend le bouddhisme, cette science de l’esprit. Elle nous dit que la souffrance, l’insatisfaction, dukkha en sanscrit, existe parce que nous croyons, nous saisissons un personnage, un « moi » qui n’a pas d'existence absolue (intrinsèque, par elle-même, indépendante), mais simplement une existence relative. Depuis notre naissance et avec l'identification à l’étiquette (le nom) que l’on nous donne, nous solidifions, nous saisissons un « ego » qui n'est, si on regarde bien, qu'une construction mentale. Il existe effectivement un soi conventionnel, nominal, qui est associé à notre corps et à notre esprit et ce concept ne pose pas de problème, il est fonctionnel tant que l'on ne l'érige pas en une sorte d'entité centrale, autonome et pérenne qui constituerait le cœur de notre être. En fait, tous nos problèmes, nos souffrances viennent de cette saisie. Il s’agit de lâcher prise (ce travail se fait progressivement !) sur cette construction, sur ses pensées, ses émotions qui semblent nous appartenir, et de déconstruire en menant une investigation logique et expérientielle qui conclut que nous ne sommes pas cette entité imaginaire à laquelle nous nous identifions, mais plutôt un flux dynamique d'expériences. Et l’on comprend que le bonheur, la libération a toujours été là. Il s’agit juste de ne pas prendre au sérieux ce personnage, un peu comme si l’on s’était identifié à un personnage lors du tournage d’un film et que le tournage était fini. Les gens qui se prennent au sérieux sont ennuyeux et parfois très dangereux (les nazis, les néoconservateurs, les intégristes religieux et… les banquiers sont, entre autres, des gens qui se prennent très au sérieux !). À partir du moment où l’on prend un peu de distance avec notre personnage, cette construction mentale, l’espace devient beaucoup plus vaste et l’on ne peut s’empêcher de constater que les autres sont souvent toujours prisonniers de leur personnage, de leur ego. Naturellement, on n’a qu’une seule envie, c’est de les secouer, un peu, pour les décoller, un peu, de cette saisie égoïste (le but de cette publication n’est pas de donner les bases du bouddhisme !).

 

Le principal problème d’un matérialiste en général et d’un politique matérialiste en particulier, c’est sa motivation. Pourquoi agir et pour qui ? Un matérialiste ne peut agir que motivé par son propre intérêt. La mort vient toujours trop vite ! Sans une perspective plus vaste ou un « égoïsme intelligent » comme dirait le Dalaï-lama, on veut tout et tout de suite. Erreur grave ! Le bonheur, la libération, passent forcément par l’ouverture aux autres, la compréhension de la souffrance d’autrui, la compassion. L’égoïsme intelligent, c’est sur le long terme ! C’est bien ce qui manquait aux communistes. L'écolo-socialisme du 21e siècle, c’est une partie marxisme et une partie compassion. Dans une vision matérialiste, le capitalisme est triomphant. Au moins, il n’y a pas d’hypocrisie sur la motivation des gens. Tout, tout de suite et après moi… le déluge !

 

L'alternance entre des systèmes politiques réellement différents n'est pas facile. Si le PS et la droite peuvent se refiler le pouvoir d'une législature à l'autre, c'est bien parce que sur les principes fondamentaux ils sont d'accord, que l'économie fonctionne de la même façon sous les uns et sous les autres et que les "règles du marché" sont respectées. Finalement, l'élection d'E. Macron en 2017 est l'aboutissement logique de cette fusion au centre de la pensée unique de marché. La vraie gauche aux élections – c'est à dire celle qui remet vraiment le capitalisme en question – c'est un peu comme la poule qui se casse éternellement le bec contre la vitre en essayant d'aller de l'autre côté. Elle ne sert que d'alibi au capitalisme pour prétendre qu'il va de pair avec la liberté d'expression, puisqu'il autorise même sa propre contestation. Ce n’est donc pas d’une alternance qu’il faut mais bien d’une (r)évolution radicale.

 

Ce qu’il faut, c’est l'instauration d'un système politique basé sur les Droits de l'Homme, le respect de l'environnement, de la planète et du vivant, la réappropriation de la création monétaire par la collectivité, la gestion des biens communs non renouvelables ou nécessaires à la vie par la collectivité, la répartition des enrichissements collectifs nationaux sous forme de dividendes distribués équitablement à chaque citoyen, la démocratie participative locale et régionale dans un cadre de subsidiarité. La finalité, c’est l'existence d’une société profondément humaine, ce qui conditionne l'épanouissement de chacun des individus la composant. L’appropriation par les citoyens de la « part maudite » (cf. A2) ne peut se faire que par une compréhension du processus d’accumulation. La « part maudite » est captée par la classe dominante. La véritable démocratie, c’est de décider collectivement de l’utilisation du surplus.

 

Les intellectuels qui ont le loisir, par définition, de réfléchir à l’absurdité de l’idéologie dominante devraient être beaucoup plus critiques vis-à-vis du capitalisme. Si par lâcheté, par peur de perdre leur poste ou d’être écartés des médias dominants, ils continuent à encenser ce système, ils ne méritent pas mieux que la servitude à laquelle ils sont soumis. Le courage d’un penseur, c’est de dire ce qu’il a au fond du cœur, ce qu’il croit juste même si cela doit être au détriment de sa petite carrière. La dissidence, le refus de coopérer, le sacrifice de son petit confort sont des devoirs lorsque le bien collectif de l’Humanité est mis en danger par quelques despotes, en l’occurrence l’oligarchie transnationale et financière de l’empire d’Occident.

 

Les problèmes de toutes Sociétés peuvent se résumer à comment canaliser l'énergie humaine et à comment décongestionner la « part maudite » !

1 / Comment produire les richesses ? Grâce à la technologie, ce problème n'en est plus un !

2 / Comment donner à chacun l'opportunité de se rendre utile pour la communauté ou, autrement dit, comment donner une activité, un travail à chacun de sorte que chacun se sente intégré, inclus dans la société ? (tout en laissant la possibilité à chacun de se retirer de la société pour le temps qu'il souhaite).

3 / Comment répartir les richesses produites ? Toutes les révolutions et les mouvements sociaux sont, évidemment, la conséquence d'une mauvaise répartition. Une bonne gestion de la Cité doit donc éviter les trop grandes différences de richesse.

4 / Comment utiliser l'énergie humaine excédentaire ? Comment s'occuper ? C'est, en fait, le principal problème de l'Humanité ! Pascal disait que tous nos problèmes viennent du fait que nous ne sommes pas capables de rester tranquillement assis dans notre chambre.

 

Une fois les besoins de base satisfaits, que faire de notre temps ? La diversité de l'expression de la vie, l'art, la fête et toutes activités non indispensables à la survie en sont des manifestations. Pour bien comprendre ce dernier point, il est utile de revenir à la théorie du potlatch, fête amérindienne, exposée par Mauss dans son « Essai sur le don », forme archaïque de l'échange, paru dans l'année sociologique de 1925 et sur l'essai de Georges Bataille, la part maudite écrit en 1949 (cf. A2).

 

La notion de « Part maudite », d’énergie humaine excédentaire, est centrale dans cette affaire ! Toutes les civilisations, comme l’a si bien démontré Georges Bataille dans l’œuvre la plus importante de sa vie, sont déterminées par la façon d’utiliser cet excédent. En fait, dans la plupart des civilisations – et on pourrait définir qu’une civilisation existe à partir du moment où elle dégage un excédent conséquent – il y a toujours des petits malins qui sont bien conscients que cette « part maudite » existe. L’aristocratie faisait la guerre et la fête, mais ne travaillait jamais. Leur fonction sociale était de dépenser cet excédent. Aujourd’hui, les petits malins, se sont ceux mentionnés dans la partie III. Nos moyens de production d'énergie et de biens de consommation, nos moyens d'organisation informatique, bref, notre technologie de plus en plus performante entraînent un colossal surplus d'énergie humaine, mais la question demeure, comment sacrifier cet excédent ?

 

Cet excès de forces vives et la décongestion de ce surplus a donc de tout temps, mais au plus obscur de la conscience, été l'objet d'une recherche fiévreuse. Les sociétés anciennes la trouvèrent dans les fêtes ou dans la construction d'admirables monuments. Mais ces dérivatifs ont toujours été insuffisants. Dans l'ensemble, une société produit plus qu'il n'est nécessaire à sa subsistance, elle dispose d'un excédent, et c'est l'usage qu'elle en fait qui la détermine. Ce surplus est la cause de l'agitation, des changements de structures et de toute l'Histoire. L'usage le plus commun de cet excédent est la croissance. L'énergie (la richesse) excédante peut-être utilisée à la croissance d'un système (par exemple d'un organisme). Si le système ne peut plus croître ou si l'excédent ne peut en entier être absorbé dans sa croissance, il faut nécessairement le perdre sans profit, le dépenser, volontairement ou non, glorieusement ou de façon catastrophique.

 

Après un siècle de peuplement et de paix industrielle (1815-1914), la limite provisoire du développement étant rencontrée, les deux guerres ont provoqué les plus grandes orgies de richesses et d'êtres humains qu'eût enregistrées l'Histoire. Et il faut bien admettre que la responsabilité des banquiers est considérable dans ce massacre. En effet, sans le moratoire des dépôts et le « cours forcé » des billets de banques décrété le 5 août 1914, il n'y aurait jamais eu autant de monnaie pour continuer à faire la guerre aussi longtemps. La nouvelle monnaie purement fiduciaire a donc permis de construire beaucoup de canons et d’enrichir quelques profiteurs.

 

En définitive, c'est la grandeur de l'espace terrestre qui limite la croissance globale. Le potlatch occidental, c'est la société de consommation. Certes, c'est mieux que la guerre mais ne pourrait-on pas trouver d'autres moyens de sacrifier l'excédent ? La solution néolibérale, c'est la croissance. Les apologistes des "30 glorieuses" prétendent faire revivre cette croissance par la seule application sans restriction du libéralisme et refusent de reconnaître que cette "gloire" se paie trop cher : par la destruction de notre environnement. Ils ne se soucient guère des générations futures, des démunis, des exclus. Nous sommes passés de l'ère du progrès, à l'ère du gaspillage absurde. Dans nos sociétés post-industrielles, nous employons l'excédent à multiplier les services (banques, assurances, etc.), en organisant des processus de vente toujours plus agressifs, en créant de nouveaux objets qui répondent à de nouveaux besoins nouvellement créés. Le travail des artistes et toute la société du spectacle répondent aussi à cet impératif. Et bien sûr la guerre, moyen d'une efficacité redoutable ! Mais une vraie bonne guerre n'est plus possible et surtout totalement inacceptable. On ne va tout de même pas faire un troisième conflit mondial pour sauver le capitalisme !

 

Le problème de toute l’histoire de l’humanité c’est qu’il y a toujours des plus malins ou des plus costauds qui profitent de cette accumulation. La critique de Marx est née de son indignation bien naturelle de la captation de l’excédent par la classe bourgeoise. Le communisme réel, l'avatar socialiste soviétique, a été un essai raté de tentative de remplacement du système capitalisme parce que, entre autres problèmes, la récupération de cet excédent l’a été au profit d’une nouvelle classe : les dirigeants du Parti communiste. La création de monnaie ex-nihilo et cette croissance obligatoire pour pouvoir payer le loyer sur l’argent-dette est le processus de captation de la part maudite par les banquiers. Le problème, c’est que ce mode de fonctionnement, outre qu’il est scandaleux, est surtout néfaste, violent et destructeur du lien social et de l’environnement. La priorité, c’est de se réapproprier sa « part maudite » ou, selon le vocabulaire marxiste, devenir maître de sa plus-value. La vraie révolution, la véritable émancipation, c’est de devenir maître de sa propre « part maudite ». Et surtout, c’est d’amorcer un vrai changement politique, une révolution non-violente et démocratique, pour remercier – congédier ! – les petits malins cités dans la partie III qui font marcher le monde sur la tête afin de siphonner et de gaspiller notre extraordinaire excédent.

 

Le Bazarov (cf. A14) occidental a bien appris sa leçon : l'ordre mondial néolibéral ne doit pas être remis en cause. Pourtant, les jeunes gens de la fin des années soixante critiquaient la vanité de la rationalité occidentale, l'hypocrisie du mode de vie, l'absurdité de la société de consommation. Après avoir fumé quelques joints et faute d'avoir trouvé une autre voie, ils s'empressèrent de réintégrer la société en créant des agences de pub, de communication, de marketing, et/ou en créant de nouveaux objets comblant des besoins nouvellement créés. Aujourd'hui, l'élite de la jeunesse occidentale – les nouveaux Bazarovs – la tête bien pleine de rationalité, a bien appris ses leçons. La seule mine inépuisable, c'est la bêtise humaine. Alors ils passeront leur existence à faire consommer et à consommer des GTI Turbo, des brosses à dent triple tête, des couches super absorbantes avec retensorb (mais jusqu'où s'arrêteront-ils ?). Ceux qui se croient les plus intelligents font courir les autres avec des diplômes, des promotions, des titres et autres carottes, ou ils leur font peur en brandissant la menace de l'insécurité, du chômage, de l'exclusion et autres bâtons.

 

Le problème de l'écoulement des marchandises deviendra même, comme l'a montré Vance Packard dans les années 60, un devoir social du citoyen. Aujourd'hui, les données n'ont pas vraiment évolué : il s'agit toujours de trouver de nouveaux besoins, d'accélérer le taux de rachat, de trouver de nouveaux marchés. Pourquoi considérer l'avancement d'une société en termes de production, de performance ? Nos technocrates, porte-étendards du sacro-saint progrès, disent qu'on peut toujours aller de l'avant. Le nouvel ordre mondial néolibéral ne doit pas être remis en cause. Pourquoi ? Par peur du changement et de l'inconnu peut-être ? Et puis parce que, du bas en haut de l'échelle sociale, nous nous sommes trouvé un petit espace de confort et, bien qu'il ne nous satisfasse pas toujours, nous avons peur de perdre ce territoire. L'individualisme est sanctifié par les médias, alors nous nous efforçons de nous protéger d'une supposée agression du monde extérieur. Le problème, depuis la fin des « Trente glorieuses », ce n’est pas de produire, mais c’est la production de toutes ces marchandises qui causent de graves dommages à notre environnement.

 

Le monde est rongé par la vision matérialiste. Suite au totalitarisme de l'Église catholique romaine qui a régné sur l'Europe pendant pratiquement un millénaire, il est bien normal que les Européens aient eu envie d'individualisme, de liberté et de confort. La Réforme, l'imprimerie, le combat de la science contre les dogmes de l'Église, la découverte de l'Amérique au 16e siècle, ont donné naissance au capitalisme. Le Siècle des Lumières a formulé et conceptualisé la vision du monde bourgeois. Le postulat de base du dogme économique est que l'homme est fondamentalement mauvais et égoïste et que l'addition des intérêts individuels contribue, comme par magie, au bien-être collectif. Adam Smith a appelé cela « la main invisible du marché ». C’était un bol d'air indispensable, après cette société coercitive et totalitaire dont le pire exemple a été l'Inquisition. Ce postulat pouvait convenir à un monde où les moyens humains et techniques étaient négligeables par rapport à la grandeur de l'espace terrestre.

 

Au Moyen-âge, l'aristocratie, d'essence divine, méprise les activités productrices qu'elle réserve aux paysans. Au cours du 18e siècle, l'échange économique devient le lien social reconnu par le commerce et le travail. Dans nos pays industrialisés, la valeur sociale de l'emploi salarié (et son corollaire : la consommation) reste ancré dans les mentalités comme l’unique garant de l'insertion. Or la quantité de travail diminue grâce à l’amélioration en efficacité des moyens de production. Cela pousse chacun à une lutte quotidienne pour rechercher ou conserver un emploi, à supporter la flexibilité, la précarité et les humiliations quitte à devenir des esclaves corvéables à merci. Le travail, arme du Système, domine, contraint puis broie les individus.

 

Aujourd'hui les lois du marché organisent la vie sociale. Les rapports de proximité déjà détruits par la désocialisation, représentent un gisement pour le profit et l'emploi sous la forme des services. Pour faire accepter la crise, conséquence logique et barbare du système capitaliste, les gouvernements et les multinationales agitent le mythe de la croissance. Cet "espoir" est un leurre. Les taux de croissance sont bel et bien en augmentation mais ils sont déconnectés du progrès social. L'augmentation des richesses ne peut en aucun cas résoudre la non-satisfaction des besoins élémentaires de l'Humanité, car c'est la confiscation de moyens matériels par une classe qui en est la cause. Le revenu garanti qui sépare salaire et emploi, la gratuité, application matérielle de l'égalité, sont des pistes à suivre pour une autre société. Il est nécessaire de donner sa vraie place au travail productif : une activité socialement utile, parmi d'autres. Nos rapports sociaux et nos désirs doivent déterminer le processus productif et non l'inverse.

 

Aujourd'hui, la plupart des citoyens confondent environnementalisme et écologie politique. L'environnementalisme, le développement durable, s'enchâsse donc parfaitement dans l'idéologie dominante de l'économie de marché et vise seulement à essayer de limiter les dégâts du productivisme-capitalisme. Ce que l'on pourrait appeler l'écolo-socialisme sera un projet de société radicalement différent de celui défendu par les laudateurs de la démocratie bourgeoise, qu'ils portent l'étiquette de droite ou de social-libéral de gauche. L'écolo-socialisme est radical, c'est-à-dire qu’il porte la critique à la racine même des origines du capitalisme. Il s’agit de réfléchir attentivement aux problèmes qu’engendrent la sacro-sainte croissance, à ce que l’on entend lorsque l’on parle du progrès et qu’est-ce que le bonheur qui découlerait naturellement de la religion de la technoscience ? Dans le sens de J. Ellul – fr.wikipedia.org/…Technoscience

 

À ce propos, les questions que pose l'historien Y. N. Harari à la fin de son ouvrage qui essaie d'imaginer ce que deviendrait une humanité optimisée par les manipulations génétiques et augmentée par la technologie, Homo Deus, une brève histoire de l'avenir, à savoir : « les organismes ne sont-ils réellement que des algorithmes et la vie se réduit-elle au traitement des données ? De l'intelligence ou de la conscience, laquelle est la plus précieuse ? Et qu'adviendra-t-il de la société, de la politique et de la vie quotidienne quand des algorithmes non conscients mais intelligents nous connaîtront mieux que nous ne nous connaissons ? », sont caractéristiques de la fascination qu'exerce la "religion" du matérialisme scientifique et de son instrument la technoscience. C'en est parfois grotesque ; en effet dans ce plaidoyer à la croissance, à l'économie, aux bienfaîts que nous ont procurés les banquiers qui ont inventés le crédit et à la science qui progresse, il se demande, si les technologies et la bio-ingénierie creusent les inégalités entre une classe de surhommes aux capacités augmentées et le reste de l’humanité, la caste des inutiles. C'est un peu comme si on se demandait qu'elle est l'inégalité qu'il y a entre un homme armé d'un fusil mitrailleur et un autre armé d'un couteau ! Sa deuxième hypothèse, imagine l’avènement d’une nouvelle religion qu'il appelle le « dataïsme » qui signe la fin de l'humanité pour laisser sa place aux intelligences artificielles. Les humains cèdent leur autorité aux algorithmes et aux datas. L'auteur a dû être très impressionné par le film « Terminator », il avait 10 ans lors de sa sortie en 1984. Tout cela repose sur une très grande confiance dans les progrès de la science et des technologies. En effet, les perspectives dessinées par l'auteur se fondent sur trois hypothèses qu'il admet pourtant sans discuter. 1- que les sciences de la vie nous donneraient une compréhension totale des mécanismes du moi qui mettrait un terme à l'illusion humaniste d'une volonté autonome. Cela tient d'une surévaluation des résultats des neurosciences qui sont encore bien loin, aujourd'hui, de donner l'accès à une compréhension totale de notre cognition, des déterminations de notre volonté et de notre conscience. Notons que cette surévaluation des sciences de la vie n'est pas neuve et qu'au XVIIIe siècle des philosophes mécanistes comme Julien Offray de La Mettrie – fr.wikipedia.org/…Mettrie parvenaient aux mêmes conclusions. 2 - d'un réductionnisme informatique qui laisse entendre que l'ensemble des mécanismes du vivant serait reproductible sur un ordinateur. Or, si la modélisation informatique a permis de faire de grand progrès dans la connaissance de l'homme et de ses facultés intellectuelles, avec en particulier le développement des sciences cognitives, il ne s'agit que de simulations, c'est-à-dire d'images que l'on ne doit en aucun cas confondre avec les objets qu'elles aident à appréhender. 3 - que les hommes éprouveraient de telles difficultés à maîtriser des algorithmes qui les surpassent en anticipant leurs réactions et leurs désirs qu'ils seraient conduits à se laisser gouverner par eux. Précisons que, contrairement à ce qu'affirme Harari, cela fait longtemps que l'on sait qu'un calcul réalise des tâches mieux que nous sans disposer d'une conscience. Les tout premiers calculateurs électromécaniques l'ont montré dans les années 40, les ordinateurs apparus dans leur sillage l'ont confirmé. De plus, le calcul des probabilités inventé depuis longtemps montre qu'un appareillage technique peut nous aider à prendre des décisions rationnelles en anticipant l'avenir sur la base du passé. Il s'agit là de la reconduction et du perfectionnement d'une idée ancienne que l'on retrouve aussi bien chez Cicéron que chez Machiavel. Nos capacités prédictives, fussent-elles considérablement améliorées, du fait de l'immense quantité de données traitées, du perfectionnement des opérateurs mathématiques mis en œuvre et de l'utilisation d'ordinateurs, demeurent toujours d'ordre conjectural. Et, en cela, le « dataisme », c'est-à-dire la religion des données évoquée à la fin de l'ouvrage, semble bien loin tant de la réalité actuelle que des futurs envisageables. Harari nous annonce qu'Homo Deus est le nouveau démiurge, réduisant toute transcendance à une réaction biochimique ou à un des algorithmes qui déterminent les lois du vivant, que les GAFA nous préparent. Pas joyeux son futur ! Dans ce livre, l'humain et le divin y sont désenchantés au regard de l'intelligence artificielle, nouveau dictateur des flux de données. Bref du pur scientisme et du pur délire ! Certes, l’homme est un animal pensant et conscient (ce qu'une machine, aussi évoluée soit-elle, ne sera jamais), mais Harari semble oublier que l’homme est par nature un animal politique. En clair, si un jour des hommes contrôlent des machines qui contrôlent une sous-humanité d'inutiles, il y aura toujours des hommes pour détruire ces machines et les hommes qui les contrôlent !

 

L'ouvrage théorique fondateur du capitalisme Recherches sur la nature… écrit par A. Smith en 1776, marque la véritable naissance de la théorie économique libérale. Depuis, à force de statistiques et d'analyses, les économistes ont réussi à convaincre une bonne partie des citoyens que les rapports humains se résumaient à des rapports marchands, et que ces rapports obéissaient à des lois naturelles : les lois de l'économie. C'est une mystification. Marx a remis en cause les dogmes du capitalisme avec son analyse et sa vision si juste sur la faillite inéluctable de ce processus historique.

 

Mais l'une des grandes mésaventures de la pensée occidentale moderne a été le lien des valeurs intrinsèques avec les religions institutionnalisées. La faillite de l'une des religions institutionnalisées fut l'équivalent de la chute de la religion en tant que telle et de ses valeurs propres. Les religions, et surtout les valeurs intrinsèques, ne sont pas que des instruments permettant au clergé de faire régner l'ordre, même s'il est arrivé qu'il s'en soit servi à cette fin. Ce sont des formes et des structures, élaborées au cours des millénaires d'expérience humaine, qui permettent à l'individu de se transcender et ainsi d'obtenir le meilleur de lui-même. Le matérialisme a désacralisé la nature et a coupé l'homme de ses valeurs intrinsèques, ce qu'il l'a rendu froid, calculateur, cynique et à la recherche de son profit individuel. L'erreur matérialiste, marxiste ou capitaliste, c'est de croire que le bonheur se résume à l'accumulation d'objets. Le capitalisme se nourrit de toujours plus de consommation, de produits toujours plus éphémères, pour des citoyens toujours plus isolés les uns des autres.

 

C'est bien une remise en cause radicale de la prétention à l'universalité du projet de civilisation américano-euro-occidentale et de la culture de supermarché véhiculées par les médias qu'il nous faut faire. C'est mettre fin à la colonisation culturelle et technologique du monde par la civilisation industrielle moderne et l'idéologie "du progrès", pour que reprennent la progression, l'évolution, c'est-à-dire la poursuite de la différentiation et du perfectionnement de la vie sous toutes ses formes. C’est un mouvement de décolonisation intégral, de décolonisation de l'imaginaire*. Il faut vouloir la mort de cette société qui agonise pour préparer celle qui est possible. Un des problèmes-clé de l'Occident est la croyance en la religion de la technoscience, le matérialisme scientiste. La science n'est pas une finalité en soi. L'homme n'est pas qu'une machine à commandes chimiques et la société n'est pas une usine ou une méga-machine qui fonctionne selon des lois. La science économique est une imposture. Ce n'est ni plus ni moins que les règles du jeu de l'idéologie marchande qui veut s'imposer en dogme. Les économistes et mêmes les physiciens qui manipulent un langage conceptuel comme les mathématiques sont les sorciers modernes (A9). Les prêtres du Moyen-âge, qui étaient les seuls à savoir lire le latin, étaient eux aussi les détenteurs des dogmes de leur époque.

* Décoloniser l’imaginaire. Serge Latouche « Survivre au développement », conclusion, Intervention à l'Unesco 1libertaire.free.fr/SLatouche21.html

 



23/03/2018
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